Malgré la chaleur printanière, les nuits sont fraîches [Dead tree]

Haiookami gratta à nouveau le sol près de la porte en ronflant, la nuit était tombée depuis plusieurs heures déjà, et personnes n'était encore venu la chercher. Sa maîtresse l'avait sorti parcequ'elle avait eu la paresse de la monter aujourd'hui, puis elle était repartie dans son 4*4 rutilants, Okami l'avait vu, et elle l'avait... tout simplement oubliée. Oh, si ça avait l'été, ça n'aurait pas encore été bien grave, mais malgré la chaleur printanière qui se faisait douce et agréable en journée, les nuits restaient fraîches et la jument sentait déjà le froid remonter le long de ses sabots noirs et vernis...

La jument fit le tour du rond de longe au trot, en levant bien haut les genoux, comme elle l'avait appris, et lança un bref appel auquel personne ne répondit, elle était toute seule, le village semblait désert, et on l'avait oublié dans le rond de longe... Cela lui paraissait impardonnable et pourtant, elle n'arrivait pas à en vouloir à sa maîtresse, surement était-elle très occupé pour l'avoir oublié, et pour ne pas lui avoir donné sa ration quotidienne non plus, surement avait-elle de nombreux soucis, et qu'elle se rattraperait demain, en lui offrant une double ration et une bonne couverture bien chaude...

Okami rêvait d'un son fumant et d'une caresse chaleureuse lorsqu'elle entendit un bruit dans les fourrés, Oklahoma avait été un ami à elle, il avait été dévoré par les loups dans un pré une nuit, parce que son propriétaire ne l'avait pas rentré plus tôt, et il était mort, seul, dans l'un des près les plus éloignés, mais les loups ne s’approchaient pas si près des habitations n'est ce pas? Pas si près...

Je ne pensais pas que ça serait aussi dur d'être chef de clan. Quoique je fasse, il y a toujours quelque chose qui ne va pas, toujours un petit soucis par-ci, par là. A croire que certains n'arrivent pas à régler leurs problèmes seuls. Je suis plus jeune que la plupart du clan, et pourtant, j'ai l'impression d'avoir deux cents ans, au moins. J'ai six ans bon sang! Et les autres ce mon clan, ceux qui ont six ans, viennent tout juste de passer guerriers. Ils jouent encore, sautent dans les flaques, font de longues courses. Mais pas moi, naturellement, un chef se doit d'être digne et mature. Je n'ai pas le droit de m'emporter, pas le droit de craquer, pas le droit de m'enfuir... pas le droit de jouer je crois aussi. Certains ont peur de moi, un peu. Parce que je suis le chef, et que le chef à tous pouvoirs. Sauf que je n'en est aucun! Je me contente de régler des problèmes.. sans aucune importance. Je vous assure, que des fois c'est dur, vraiment dur. Croyent-il vraiment que je n'ai ni sentiments, ni coeur? Juste bon à diriger?
Non, sans doute pas.
Le matin avait étiré paresseusement ses rayons jusque dans mon antre. J'étais allongé sur le sol de mousse épaisse, quand déjà une voix avait raisonné dans l'antre. Ah oui, les patrouilles. Je sortis rapidement, avant de désigner qui irait vérifier les frontières. Je secouais la tête. La journée allait être longue. Très longue. Tout le monde me saluait, toujours un peu craintivement. Comment faire comprendre que je ne profiterais pas de mes "super" pouvoirs de chef? Il paraît que certains chefs ne gardaient dans leur clan que leurs progénitures. Je n'ai aucune compagne, je le rappelle, et je n'ai aucune envie de saillir tout le monde. N'importe quoi. Je fis rouler mes muscles sous mon pelage noir, avant de tendre l'encolure, et d'arracher quelques brins d'herbes dans un coin. Le clan commençait tout juste à se remettre de l'attaque. Et il mettrait encore bien des lunes.
Et la journée s'écoula, plutôt lentement. Une cicatrice douloureuse à la croupe m'empêchait de faire tous les mouvements que j'aurais souhaité. Et le guérisseur m'avait interdit d'aller patrouiller avec les autres. Génial. Comment créer des liens, en restant presque isolé?
Bref.
Quand la nuit tomba, je confiais le clan à mon Second, avant de disparaître du camp. Je crois que j'avais besoin d'être seul, pour me vider la tête, et revenir serein. Ou du moins essayer. Essayer de relever la tête, et d'être un bon chef. Courage Dead. Je pris le trot, l'encolure courbée, content de me délier les membres. Bien vite je pris le galop, agréable sur ces terrains souples.
Un quart d'heure plus tard, je me rendis compte que j'étais chez les humains. Je n'ai jamais eus peur de ses choses là. Que peuvent-ils faire de plus, me tuer? J'aurais dut mourir dans cette attaque de loups, tout aurait était plus simple. Mais voilà, le clan n'aurait plus eut de dirigeant... Je n'étais pas indispensable, à mon avis. Je me glissais dans un fourré, quand un appel retentit. Une jument était dans un rond de .. Nalla m'avait dit que c'était.. ah oui, un rond de longe. Je m'approchais d'un pas souple. La blessure de ma croupe me tiraillait à cause du long galop. Tant pis. Je soupirais, avant de regarder la jument. Elle était grise et belle, d'un pelage brillant et soyeux.

-" Bonsoir."

Cela m'étonnait qu'elle soit seule. Les chevaux des humains étaient habituellement au box. Mmm.. Les humains étaient parfois incompréhensibles. Il est vrai que la vie sauvage était dure, mais pas autant que celle en captivité. Je crois que j'en mourrais, d'être entre les murs d'un box. Assurément, même.
Chef. Je soupirais une fois de plus en repensant à ce qui m'attendais en retrant. J'en avais marre... Mais marre...
Mais a-t-on toujours le choix?

Le souvenir de Oklahoma s'imposa à elle, il était devant elle, si proche, si palpable, si réel qu'elle était sûr de pouvoir le toucher. Pourtant il était mort, elle le savait, elle avait vu sa dépouille être emmener dans un camion alors qu'elle était monté dans la carrière, elle avait vu ses yeux vitreux encore ouvert, une mouche posé dessus et sa langue pendante dans le vide, dépassant de sa machoire ouverte. Le vieux Oklahoma avait pourtant été un compagnon jovial, amusant, avec toujours un mot gentil ou un conseil à donner aux jeunes. Personnes ne le pleurerait dans le monde des humains, il n'était qu'un vieux bourrin mis à la retraite et dont le propriétaire était mort également, il attendait sagement son tour et surement que tout le monde était soulager de le voir enfin passer de vie à trépas, mais il avait été l'ami de Okami, et elle et les chevaux le pleurerait... Mais les sentiments n'étaient pas de mise chez les chevaux domestiques, on obéit, on marche, on trotte, on obéit, on mange quant ils le veulent, on sort quant ils le veulent mais surtout, ils étaient furieusement tributaires de leurs humains...

Regardez Haiookami, oublié dans son rond de longe, tributaire de sa maîtresse, et à présent, du bon vouloir de cet animal qui l'attendait, planqué dans les fourrés, et lui donnant une trouille de tous les diables. Okami n'avait jamais été une jument très courageuse, cela se serait su sinon, elle se serait rebellé, elle aurait défonçé sa clôture, mais non, elle n'avait pas été éduqué comme cela, jamais elle n'aurait même songé à agir de la sorte...

Cependant, les buissons ne révélèrent pas un carnassier, mais bien un herbivore comme elle, un grand étalon qui se fondait dans le décors et dans l'obscurité de la nuit, seules luisaient à la lueur de la lune ses tâches en tête, une pelote et un début de liste, le rendant presque irréel, et sa voix grave résonna dans le silence de la nuit, la faisait tressaillir... A priori elle n'avait rien à craindre, et pourtant, toute cette ambiance la laissait nerveuse, dire qu'elle n'avait pas peur aurait été mentir, pourtant, elle se rapprocha d'un pas incertain en direction de l'étalon, tournant la tête de côté comme pour chercher à comprendre, faisant basculer ses légères tresses du même côté...

"Bonsoir ...

Elle se raprocha à nouveau, si proche qu'elle aurait pu le toucher, mais prête à détaler au moindre gestes suspects, elles avaient entendus de nombreuses histoires sur les chevaux sauvages: qu'ils étaient des bêtes méchantes et indomptables, cruelles qui enlevé les bêtes domestiques pour les abattre froidement de la dureté de leur sabot... Pourtant, aucune animosité n'animé la voix de celui ci, peut-être était-ce simplement un subterfuge intelligemment tendu tel un piège?

"Bien le bonsoir... on me nomme Haiookami, et en qui ai-je l'honneur?"

Malgré tous ces doutes, elle s'était décidé à le saluer, usant de la courbette que lui avait appris ses maîtres, inclinant l'encolure bien basse, frôlant le sol de son museau avant de se relever, de quelques pas légèrement en arrière, curieuse de connaître la réaction de son compagnon. S'enfuirait-il ou resterait-il à lui tenir un peu compagnie? Bien qu'il ne lui permettrait pas de supporter le froid qui s'insinuait en elle, il pourrait au moins l'aider à surmonter ses peurs et ses apréhensions...

Je savais pertinemment que n'importe qui pouvait arriver n'importe quand, que les humains pourraient me sauter dessus d'un coup, que je pourrais me retrouver prisonnier de leurs barrières de bois. Que je m'empresserais de défoncer à coup de sabot, de dent et d'épaule. Je savais bien que je ne pourrais pas toujours m'enfuir.
La preuve.
Cette jument grise ne s'en allait pas. Je voyais le fil de fer courant le long des barrières blanches. Elle pourrait sauter, non? Elle n'en avait peut être pas les capacités. Les chevaux domestiques sont parfois étranges, à obéir parfaitement aux humains. Jamais je n'aurais cette idée, ou ce comportement. Obéir! Ha! On m'obéit à moi, on ne me fait pas obéir.
Sur ce point là, être chef, c'est top. Même s'il ne faut pas abuser de ces pouvoirs, bien sûr...
Mes oreilles tournaient de droite et de gauche, captant les petits bruits doux, et agréables de la nuit. Le vent se leva doucement, la brise vint alors caresser mon pelage d'ébène. Cela restait agréable, on sortait de l'hiver, mon pelage n'était pas encore celui d'été, ni celui très épais d'hiver. Il était entre les deux, mais le vent ne me dérangeait pas. N'ayant que peu d'arbres sur le territoire, j'y était habitué. De toute façon, avoir froid n'aurait rien changer, je serais resté quand même bien le vent aurait soufflé fort.

"Bien le bonsoir... on me nomme Haiookami, et en qui ai-je l'honneur?"

Haiookami. Un nom bien peu courant, en soit... Dead Tree, ce n'était pas mieux, à y penser. Même, Haiookami, c'était plus joli, poétique et doux à la fois. J'aimais bien. Beaucoup même. Bref.

-" Dead Tree, de mon propre clan."

Avoue que ça claque. Enfin, solitaire, ça aurait donné la même chose, non ? Non. On dit qu'on est son propre chef, mais pas son propre clan.
Elle me fit une révérence, une belle révérence comme les chevaux de sa race savent si bien faire. Je courbais simplement l'encolure, mes muscles de l'encolure se contractant subitement.
J'hésitais à sauter. La rejoindre? Mais je serais sans doute prit au piège. Et a deux, c'est pas forcément mieux.

-" Que faites vous là, seule, dehors?"

Ce n'était pas un endroit approprié, pour une si belle jument. Enfin, à mon goût. Les humains sont vraiment fous parfois.
Tiens, d'ailleurs, j'ai faim. Il me suffisait de baisser la tête, et attraper quelques touffes d'herbe, mais par soucis de politesse, je ne le fis pas. Elle, elle était dans une marre de sable, et ne pouvait en aucun cas brouter à sa guise.
Je secouais la tête, embêter par quelque insecte énervant. Ma crinière courte ne m'était pas de grand secourt, mais je n'y pouvais rien après tout. Je regardais au loin, et mon regard se posa sur une botte de fois, ficelée par un nylon bleu.

-" Avez-vous faim?'

Je choppe la botte par la ficelle, et je me démerde pour la faire passer de l'autre côté. J'entendais les bruits dans autres chevaux, mais tous étaient soit au box, soit dans le grand près d'en bas. Alors que faisait-elle ici? Les gens du club étaient pourtant gentil. Mais les propriétaires, non. Alors... Alors elle était une jument dont la propriétaire s'en foutait totalement.
La Pauvre.

Malgré tous ses doutes et ses appréhensions, le fameux Dead Tree comme il se présenta, ne semblait pas si hostile qu'elle l'aurait cru. Il avait insisté sur "son propre clan", cela voulait donc dire qu'il avait fondé son clan lui-même et qu'il en était probablement lui-même le chef d'ailleurs, elle se sentit tout à coup, beaucoup trop insignifiante, elle même n'était même pas maîtresse de sa propre vie, tributaire du bon vouloir de sa propriétaire...

Il inclina la tête élégamment et Okami lui offrit l'un de ses plus beaux sourires malgré la pénombre environnante. Il sembla hésitant puis lui demanda pourquoi elle était seule dans son rond, seule la nuit dans le froid et sans manger!! Il ne fallait pas que cette situation devienne récurante... quoi que, pour faire d'aussi sympathiques rencontres...

"Vous allez sans doute rire mais... on m'a oublié, ma propriétaire a oublié de me rentrer en début de soirée, et... et bien je vais rester ici toute la nuit sans doute, c'est amusant n'est ce pas?"

Le regard de Dead se porta sur une touffe d'herbe et le ventre de Okami se mit à gronder sourdement et elle fit une grimace gênée, ça, ça n'était pas sexy du tout. Elle émit un petit rire tinté de clochette et répondit à la positive à la question de Dead Tree.

"Je suis désolé, tout cela doit vous paraître parfaitement ridicule n'est ce pas?"

Elle prit volontiers une bouchée de foin et après l'avoir avalé, elle en prit une autre qu'elle lui tendit, après tout, c'était lui qui s'était débrouillé pour l'amener là, elle pouvait bien partager non? D'ailleurs, il devait avoir une sacrée force pour avoir pu bouger tout ça d'un coup...

"Mais dites moi Dead Tree, que me vaut cette visite impromptue? Ne devriez vous pas être sur vos terres plutôt que si près des humains? Cela pourrait être dangereux pour vous et votre clan ne survivrait sans doute pas seul!"

"Vous allez sans doute rire mais... on m'a oublié, ma propriétaire a oublié de me rentrer en début de soirée, et... et bien je vais rester ici toute la nuit sans doute, c'est amusant n'est ce pas?"

Oh. Je vois. Quand je vous disais que les humains étaient franchement étranges. Excusez moi, mais ils sont vraiment c***. Oublier une telle jument dans un tel endroit, n'est qu'un des nombreux exemples de leurs stupidité. Et pourtant, les humains pensent contrôler le monde. Ils ont adapté la planète à leur vie, et uniquement à la leur! Si ils ne nous tuent pas tous, c'est pas qu'ils ont besoin de nous, parce qu'ils trouvent un intérêt à nous entretenir, à nous monter sur le dos, surtout. Et pour les autres, ils se fichent de nous. Les humains pensent contrôler le monde, mais c'est vraiment faux.
Ils le détruisent.
"Je veux t'offrir des frissons
Des grands couchers de soleil
Je veux qu'on s'aime à la façon
Des gosses qui s'émerveillent"
Je me souviens qu'Alley disait toujours ça à Missley. C'était beau. Juste beau. Je ne sais pas pourquoi je pensais à ça. Peut être parce que la jument me faisait penser à Miss'. Elle était belle aussi. Mais pas autant qu'Haiookami je crois. Je clignais un instant des yeux.
Arrête Dead.

-" Non ... Ce n'est pas très drôle. Je ne comprend pas pourquoi vous restez surtout."

On m'a dit d'arrêter de reprocher aux chevaux des humains leurs vies. Mais non, non non, et non. C'est nul. Non mais je me tue moi, à être entre quatre murs. Et eux? Ils obéissent, les suivent même. Et ils font quoi pour essayer de se barrer? Rien du tout.
6 ans, c'est pas très grand vous savez. C'est trop jeune pour être chef, trop vieux pour rire et jouer comme les autres. Mais ça vieillit, d'être chef. Pourtant, je rêverais de n'être qu'un poulain. Naïf... Inconscient des dangers de tous les jours... Le bonheur? Peut être bien. Mais je serais orphelin. Etre chef, ça aide. On pleure moins, puisqu'on a pas le choix.
Son ventre gargouilla quand mon intérêt se porta sur une grosse touffe d'herbe. J'avais raison, elle avait faim.

"Je suis désolé, tout cela doit vous paraître parfaitement ridicule n'est ce pas?"

Je lui souris.

-" Juste normal."

On a tous faim un jour.
Mon esprit se mis à vagabonder alors. Dans ma tête, croyez moi, il y avait une sorte de tempête. Je n'avais pas envie de rentrer, mais le devoir et l'honneur m'en empêcher. On a tous dit un jour, que nous étions libres.
Plus jamais je ne le serais.
Etre libre, c'est ne dépendre de personne, et que personne ne dépende de soit. On est mieux ainsi, on peux ne pas rentrer, décider de partir et ne plus revenir, traverser le territoire des humains sur un coup de tête, essayer de se faire monter, juste parce qu'on sait qu'on pourra se barrer quand on voudra. Mais là, je ne pouvais pas. Je ne serais plus jamais libre donc.
Maman, dis moi comment on survit à ça..
J'amenais la botte de foin, et, après qu'elle eu un peu manger, elle m'en tendit une bouchée, que je saisie avec plaisir.

"Mais dites moi Dead Tree, que me vaut cette visite impromptue? Ne devriez vous pas être sur vos terres plutôt que si près des humains? Cela pourrait être dangereux pour vous et votre clan ne survivrait sans doute pas seul!"

Ne survivrait pas seul? Ils penseraient sans doute que je serais mort. Mais si, ils survivrait. Un autre chef prendrais simplement la tête, un chef qui en aurait vraiment envie. Pas simplement un jeune comme moi, qui ne rêve que de liberté. Quand quelque chose est trop désiré, cela finit par faire mal.
Trop mal.
Ca pourrait être dangereux? J'aurais bien aimé tenter l’expérience de rester, rester jusqu'au matin. Juste pour défier les hommes. Jouer un peu. A un jeu dangereux.

-" Ne vous en faite pas pour eux, ils se débrouilleraient sans moi. Et puis moi... Je me débrouillerait pour partir... Enfin vous avez raison, je ne devrais pas être là. Tant pis. Je suis ici, et j'en suis content. Rien que d'avoir put vous rencontrer."

Je m'étonne tout seul, d'avoir ce genre de propos. Je souris en y pensant. Petit poulain immature avant le Carnage, devenu trop vieux pour son âge. Mmm... je suis ce que je suis, non? Sisi. Je fais ce que je veux, quand je veux.
Paroles de poulains.
Je ne serais jamais plus libre.
Parole affirmative.
Je voudrais rester.
Simple voeux.
J'aimerais qu'elle me suive.
Plus qu'un voeux, une réalité...

Cet étalon semblait étrange, et si différent des autres, c'était comme si... chaque brin d'herbe, chaque pas le menait à tergiverser sur le but de la vie, ses yeux semblaient emplis d'une telle amertume de la vie, comme une déception ancrée au plus profond de lui. Comme si plus rien ni personne ne pouvait lui apporter quelque chose de nouveau, pourtant, elle était certaine qu'elle avait de nombreuses choses à lui apprendre, même les vieux singes apprennent encore...

Après quelques temps de réflections, il lui expliqua son incompréhension face à la situation de Okami, pourquoi celle ci restait ici, enfermée, et de ses paroles transpiraient la suite:
"Je ne comprend pas pourquoi vous restez surtout... et que vous n'essayez pas de vous enfuir..."

Okami avait une réponse toute faite déjà, et depuis des années, elle y avait souvent pensé en regardant les chevaux sauvages au loin ou en sentant leurs odeurs ramené par le vent, une odeur de joie, de bonheur et de liberté. Elle soupira doucement puis planta son regard dans celui de l'étalon.

"Je suppose que vous avez eu une mère n'est ce pas? Elle a du vous inculquer des valeurs qui vous suivront toute la vie n'est ce pas? La mienne m'a léguer ce que je suis aujourd'hui, lorsque je suis née, elle m'a expliqué que je devais respecter les humains et qu'ils en feront de même, que nous devions obéissance et soumission, car à l'inverse de vous, sauvage chevaux, nous avons été élevé dans un monde à part et nous en soustraire n'est pas si aisé que vous ne pouvez le penser..."

Okami revit la tête bienveillante de sa mère qui la poussait du nez lorsqu'elle fut séparer d'elle, persuader que pour sa fille, tout irait pour le mieux car elle possédait tous les critères de ce que leur race voulait: le port altier, l'allure noble et de bonnes proportions, jamais un instant elle n'aurait ne serait ce que imaginer sa fille discourant avec un étalon "du dehors", tout cela lui semblait si trivial...

"Regardez moi Dead Tree!"

Et à ses mots elle recula de quelques pas et effectua une pirouette pour faire un demi-tour en règle.

"Je ne suis pas une jument sauvage, chaque jour on me tresse les crins, on graisse mes sabots et on fait briller ma robe. Je ne survivrais pas même une demi-journée "au dehors", et même si la liberté a souvent ébourrifé mon toupet, je ne peux me résoudre à emprunter ses chemins... Comment survivre au froid de l'hiver alors que je suis tondu? Comment me défendre des loups ou encore trouver ma nourriture? Tout cela me paraît tout autant impossible que pour vous, est impossible de rester enfermer dans un box à longueur de journée...
Je ne vous le cacherais pas Dead Tree, j'ai peur, je suis terrifiée à l'idée un jour de me retrouver seule dans des contrées si hostiles, tout cela m'est tellement... inconnu! "

La petite jument reprit son souffle, elle ne s'était pas rendu compte qu'elle avait oublié de respirer pendant sa petite tirade, oui, elle était terrifiée à l'idée de sortir, tellement terrifiée... Elle prit une nouvelle bouchée de foin, lentement, son estomac se comblait, au moins, elle n'aurait plus ce soucis là qu'était la faim, et c'était déjà un grand avantage... Puis l'étalon aussi sombre que les collines en pleine nuit reprit la parole, sa voix était grave, attirante, rassurante presque, elle lui rappela les quelques souvenirs qu'elle avait eu de son père, si peu nombreux...

Un clan qui se débrouillai seul? Ah oui? Okami n'avait jamais entendu parlé de cela? Pour elle, les clans se devaient d'être géré par un chef qui prenait les décisions, et sans qui ils étaient perdus... Il était également vrai qu'elle pensait les étalons dominants comme des êtres assoifés de sang, cruels et dépourvu de sympathie. Le simple fait que ce cheval ci soit devant elle, à se moquer ouvertement des traitements que pourrait lui infliger les hommes, et tout cela pour profiter à peine quelques instants d'une jument qu'il ne connaissait que depuis quelques minutes d'interpellait et défaisait littérallement tout ce qu'elle avait pu entendre ou imaginer sur les chevaux sauvages. Elle devrait revoir tout ce qu'on lui avait dis, et faire le tri entre le vrai et le faux, mais tellement de choses semblaient fausses à présent, sous les lumières des révélations de Dead Tree...

Tout cela troublé la jument, elle ne savait plus guère penser sur ces soi-disant monstre qui vivaient en autarcie avec la nature...

"Ne viendraient-ils même pas s’enquérir de votre sort? Cela leur serait tellement si peu important? Le sort de leur chef ne leur importent-ils que si peu? Voilà une réaction bien étrange, vous qui devez les protégez au prix de votre vie, eux, ne bougerez pas même le sabot pour savoir au moins ce que votre longue absence révélerait? Votre disparition les rendraient-ils si froid que cela? Je n'ose croire que des chevaux pensent ainsi..."

"Je suppose que vous avez eu une mère n'est ce pas? Elle a du vous inculquer des valeurs qui vous suivront toute la vie n'est ce pas? La mienne m'a léguer ce que je suis aujourd'hui, lorsque je suis née, elle m'a expliqué que je devais respecter les humains et qu'ils en feront de même, que nous devions obéissance et soumission, car à l'inverse de vous, sauvage chevaux, nous avons été élevé dans un monde à part et nous en soustraire n'est pas si aisé que vous ne pouvez le penser..."

Une mère. Bien sûr j'en avais eut une, personne ne peut ne pas en avoir. Elle peut être morte, comme la mienne, mais sans Maman, y'a pas d'enfants. Je sais qu'elle inculquent les règles, les interdits, les valeurs. Mais on a toujours le choix. On est ce que l'on est, et ce n'est pas nos parents qui changent notre vraies natures. Ils nous inculques les règles de la vie. A nous d'en faire ce que l'on veux. Je fermais les yeux un instant, avant de lui répondre.

-" Je ne doute pas une seconde que ta mère était une bonne mère. Mais elle te disait qu'il fallait respecter les humains. Mais te respectent-ils? Toi, Haiookami, oubliée dans un rond de longe, te respectent-ils vraiment?"

Je ne crois pas. Le respect, ce n'est pas ça. Pas ça du tout. Je sais qu'on se fait tous des coups bats. Mais pas des comme ça. Les humains ça... certains ont de la culpabilité, mais pas tous. La preuve. Elle, elle s'en fichera un peu du où à passer sa jument. Enfin je suppose. Les suppositions, ce n'est pas ce qui fait avancer dans la vie, mais je crois que je ne serais plus là, quand son humaine arrivera.

"Regardez moi Dead Tree!"

Je la regardais, effectivement. Une jument fine, à le robe soyeuse et aux crins longs, et foncés. Un port altier, une voix douce et belle, des membres longs et fins, mais semblant robustes.

-" Ce n'est pas le physique qui fait la personne!"

J'étais presque... presque indigné. Je ne comprenais pas, non, vraiment. Je ne comprenais pourquoi à cause de son physique - magnifique en passant - elle se limiter à rester ici, pourquoi, à cause de son éducation elle restait ici. Non, vraiment. Peut être je comprendrais un jour.
Mais pas aujourd'hui.

"Je ne suis pas une jument sauvage, chaque jour on me tresse les crins, on graisse mes sabots et on fait briller ma robe. Je ne survivrais pas même une demi-journée "au dehors", et même si la liberté a souvent ébourrifé mon toupet, je ne peux me résoudre à emprunter ses chemins... Comment survivre au froid de l'hiver alors que je suis tondu? Comment me défendre des loups ou encore trouver ma nourriture? Tout cela me paraît tout autant impossible que pour vous, est impossible de rester enfermer dans un box à longueur de journée...
Je ne vous le cacherais pas Dead Tree, j'ai peur, je suis terrifiée à l'idée un jour de me retrouver seule dans des contrées si hostiles, tout cela m'est tellement... inconnu! "

Je savais qu'elle avait raison, qu'elle aurait du mal à survivre en ce monde. Dans mon monde. Mais même moi je n'étais pas libre. Pas libre du tout, enchaîné même. Marre.

-" La peur, est une chose bien étrange. Et la solitude fait peur, je le conçois bien. Mais si vous me suivez, vous ne serez plus seule, n'est-ce pas? Alors viendriez vous?"

Je n'ai pas peur de me retrouver enchaîné à une vie de plus. Elle ne serait peut être qu'une amie, et sans doute le resterait, mais je m'en fichais. Je ne voulais pas qu'une telle jument reste dans un tel endroit. Qu'elle change de clan si elle le souhaite. Je m'en fichais, je crois bien. Tant qu'elle partait...

"Ne viendraient-ils même pas s’enquérir de votre sort? Cela leur serait tellement si peu important? Le sort de leur chef ne leur importent-ils que si peu? Voilà une réaction bien étrange, vous qui devez les protégez au prix de votre vie, eux, ne bougerez pas même le sabot pour savoir au moins ce que votre longue absence révélerait? Votre disparition les rendraient-ils si froid que cela? Je n'ose croire que des chevaux pensent ainsi..."

Non mais... Je fermais les yeux, juste le temps de revoir les images du Carnage. Alors voilà, je pensais vraiment qu'ils n'avaient pas besoin de moi? Juste qu'un mort de plus où de moins..

-" Ce n'est pas ça. Mais.. il y a un moment, les quatre clans se sont fait attaquer par les loups. Au moins les trois quart d'entre nous sont morts. Et voilà, j'étais de la lignée du chef. Et je suis devenu chef, donc. Mais si je disparaissais, mon Second prendrais le clan, et je ne serais qu'un mort de plus sur la liste. Ils ne s'aventureraient pas jusque là. Puis même, je n'en connais même pas la moitié. Dans mon propre clan!"

Je soupirais.

-" Il est loin le temps de l'innocence des poulains... Bien trop loin."

Ouai, et t'y peux rien Dead. Alors arrête de te lamenter.
Il fallait peut être que je rentre. Il serait même plus sage que je rentre. Que j'aille voir si tout va bien, écouter les lamentations de certains, les problèmes futiles de autres, organiser les patrouilles, et se battre.
J'aimais beaucoup me battre. La cicatrice sanglante sur ma croupe en disait long. Un coup d'antérieur m'avait ouvert ainsi. Ne croyez pas, ça fait mal, vraiment. Mais le moment, surtout celui ou on gagne vaut beaucoup pour moi.
Je suis chef, il faut que je montre que je peux les protéger après tout. Mais c'est avant tout pour le plaisir que je fais ça.